"Visite guidée" eaux fortes et dessins à Octon
Emmanuelle Jamme • 3 avril 2021
Ancrer dans ma mémoire les moments précieux de la vie de la maison
Un babyfoot attend l’apéro devant le bar de la cuisine, tandis que le panneau d’école nous explique comment on le digère. Une chaise devant un bureau, des bijoux sur une commode, des petites voitures dans une vitrine, des étagères encombrées, des boîtes d’archives, des photos encadrées, des pinces à linge qui attendent des estampes à faire sécher…. Parfois des portes ouvrent sur d’autres pièces, ou sur un extérieur qui laisse entrer la lumière… Les lits sont défaits, les moustiquaires relevées, c’est le début de la journée. Il fait jour dehors, le canapé est vide, personne ne s’est posé pour regarder qui, un chef d’œuvre à la télévision, qui, un dessin animé pour la énième fois revu, ou bien pour écouter un vinyle de Marino Marini ou de Georges Brassens, ou encore pour lire une BD de Hugot, un vieux Tintin ou feuilleter le très beau livre du sculpteur Giacometti. Tout là-haut, sur les murs de la mezzanine, les couvertures de Fluide Glacial côtoient l’affiche d’une exposition de Gérard Lattier ; elles sont accrochées au mur, comme pour accueillir les visiteurs qui viennent parfois dormir sur le canapé les soirs de fête. Dans l’atelier, la presse attend de démarrer un nouveau projet, alors que les estampes de la veille sèchent sur le fil. On redescend vers la cuisine pour préparer le petit déjeuner…
On suit pas à pas la visite d’une maison particulière, comme encombrée de vie alors que personne n’apparaît dans les images. Des éléments nous renseignent sur la vie des occupants sans pour autant nous en dire plus. J’emmène le lecteur dans ma maison, dans la plupart des pièces qui constituent ma vie quotidienne, mon travail en atelier ou l’intimité de ma vie de famille. Ceux qui connaissent bien la maison sont étonnés, car ils n’identifient pas tout de suite les lieux… Les images sont à l’envers, ce sont des estampes.
J’ai dessiné directement sur la plaque vernie, pour attraper à l’aide de ma pointe ces moments précieux de la vie de la maison, et ancrer dans ma mémoire ces espaces du quotidien.
Cette exposition à la bibliothèque d'Octon tombe au moment du 3è confinement. Seul·e·s les habitant·e·s d'Octon ou d'un rayon de 10km pourront la voir pendant ce mois d'avril. Si tout va bien, elle partira à Chalabre dans les Corbières pour l'exposition "Artistes à suivre" au mois de mai 2021.
> 15 eaux fortes aquatintes et 8 dessins au feutre
> matrices gravées et carnets

Résidence artistique inédite à L’Etrier des Cabanelles , à Valflaunès (34) une écurie éthologique au nord de Montpellier, bien connue des cavaliers et cavalières attentifs au bien-être de leurs chevaux. Tout au long de sept journées, cinq artistes* ont observé, dessiné une vingtaine de chevaux. Anatomie, biomécanique, comportement et interactions et relationnel à l’humain ont été explorés, sous l’égide des équithérapeutes Bertrand Dekoninck et Anne Guillaumont, également co-fondatrice du lieu. Les artistes ont suivis les chevaux et leurs gardiens sur les sentiers, se sont installés dans les paddocks au plus près de leurs modèles. Dans le manège ils ont suivi des séances de soins donnés aux chevaux (fasciathérapie, aromathérapie, vibrations sonores...). En ont résulté des émerveillements réciproques et des centaines de dessins et peintures petits et grands formats. Si les artistes ont découvert la beauté, la puissance, la grande sensibilité et le pouvoir empathique des chevaux, ces derniers ont instauré spontanément un relationnel très spécial. Et les équithérapeutes ont été subjugués par la capacité des artistes à transcrire les émotions subtiles des chevaux, leur relation fusionnelle à la nature, à rendre visible jusqu’aux processus de guérison. L’aboutissement de la résidence est une restitution de ces travaux et belles rencontres, les 10, 11 et 12 octobre, dans le cadre des Journées des ateliers d'artistes d'Occitanie 2025. Tout naturellement, manèges et boxes ont accueilli les créations : dessins, peintures, film, photos. Et afin de partager cette expérience hors normes, des séances de soins aux chevaux, ateliers de dessin, voyage sonore et conférence dédiée au cheval dans l’art occidental ont été proposés aux visiteurs. *Emmanuelle Jamme, Clotilde Maillard, Yves Marcerou, Corine Pagny et Denise Sabourin, du Collectif Dessiner le vivant. « Collectif d'artistes autour d’une vision artistique similaire du dessin avec modèle vivant : chercher à travers le corps une source d’inspirations, de réflexions et d’interrogations, comme le matériau de notre imaginaire et l’objet de notre créativité. »














