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Le collectif MACADAMM

Emmanuelle Jamme • févr. 12, 2020

Le collectif MACADAMM (Médiation Artistique et Culturelle Auprès des Demandeurs d'Asile et Migrants du Monde) a été créé par plusieurs artistes (voir le post de juillet 2018) qui interviennent au Centre d'accueil des demandeurs d'asile (CADA) géré par La Cimade à Béziers. 
Voici l'histoire du projet "l'envol des oiseaux" en 2019, alors que se prépare en ce moment un projet sur l'eau pour le printemps 2020.

le logo du collectif Macadaam représente un oiseau

Au début de l'année 2019, dans le cadre des ateliers artistiques du mercredi, nous avons monté un projet artistique  “L’envol des oiseaux ”. Cet atelier thématique s’est déroulé entre le 16 janvier et le 10 avril et a réuni les enfants et la plupart des adultes du CADA. “L’envol des oiseaux ” a été exposé lors du Festival des peuples les 29, 30 et 31 mars 2019. 

Pourquoi l’oiseau ? 
Dans la réalité, l’oiseau n’a pas de frontières, il se déplace en volant, de lieu en lieu. Il y a des oiseaux dans tous les pays du monde et il existe une multitude d’espèces différentes, dont certaines sont migrantes. Dans toutes les cultures, l’oiseau existe et dans l’imaginaire collectif, il est un symbole de liberté. Par-delà nos différences, il y a quelque chose qui nous unit, qui nous relie, quelque chose d’universel et de profondément humain.
Dans le dessin, l’oiseau permet une multitude de formes et de couleurs, donc de représentations infinies. Nous émettons alors l’hypothèse que chaque migrant·e, enfant ou adulte peut s’approprier différents outils et matériaux, choisir des couleurs pour donner à voir ce qui est sa propre représentation de cet oiseau universel ; et qu’à travers cet oiseau ainsi créé, quelque chose de sa culture, de son pays, de son histoire personnelle et/ou de son ressenti.

Organisation des ateliers
Nous avons donc imaginé, non pas des sculptures en résine mais des formes d’oiseaux découpées dans du papier, rembourrées pour donner du volume et suspendues pour les faire s’envoler visuellement. 
Deux solutions sont proposées aux participant·e·s : soit un modèle d’oiseau à décalquer (quatre formes au choix sur un format A3) puis à mettre en couleur, soit la possibilité de dessiner un oiseau imaginaire ou inspiré d’un oiseau réaliste à partir d’une photo. Les ateliers se déroulent dans la grande salle de la Cimade ou dans la cour du CADA. Ils sont ouverts à tous, une affichette invitant dès le début du projet tout le monde (enfants, adultes, résident·e·s, artistes, accompagnant·e·s…) à participer. Le mercredi après-midi de 14h à 16h ou parfois d’autres jours pendant les vacances, les séances sont encadrées par les artistes bénévoles du collectif. J’ai participé à tous les ateliers, accompagnant les enfants, incitant les adultes à choisir un modèle d’oiseau et à s’installer à côté des leurs enfants ou d’autres résident·e·s pour dessiner. 
L’objectif du projet a été énoncé au début et à chaque fois que cela était nécessaire : chaque oiseau fera partie d’un “envol d’oiseaux” qui sera exposé pendant le festival des peuples les 29, 30 et 31 mars. Chacun·e est invité·e à réaliser son oiseau ou ses oiseaux pour faire partie de cet envol. 


L’affiche du festival
J'ai utilisé les dessins des enfants, tous leurs oiseaux inventés pour réaliser l’affiche du festival. Il fallait que chaque oiseau soit mis en valeur à la fois dans sa singularité mais aussi comme faisant partie d’un groupe. L’arbre que j’ai utilisé est extérieur au CADA mais il symbolise l’arbre de la cour, le point de repère des enfants, celui qui porte leur cabane. Les oiseaux sont posés dans l’arbre, comme s’ils venaient d’arriver ou s’ils étaient prêts à partir, symbolisation de ce qu’est un centre d’accueil, un lieu de transit, une étape dans le voyage. 
Cette affiche sera imprimée, affichée pour communiquer sur l'événement, mais aussi vendue au bénéfice des ateliers artistiques du CADA. 

L’exposition
La fin du projet est marquée par l’exposition des photos et des œuvres réalisées pendant les ateliers, puis par la mise en place de “l’envol des oiseaux”. Nous donnons alors à voir une œuvre collective, faite d’une multitude de créations individuelles. Celles et ceux qui les ont réalisées vont voir l’ensemble pour la première fois. Les petits oiseaux dessinés par les enfants et quelques adultes au tout début du projet, ne feront pas partie de « l’envol des oiseaux » car ils sont pour la plupart dans une position statique. Je les ai utilisés pour réaliser l’affiche du festival, puis je les ai agrandis et imprimés sur bâche pour être découpés et accrochés dans l’arbre de la cour.


A la fin du projet les témoignages des travailleur.euse.s font valoir que les « ateliers d’arts plastiques […] sont autant de réussites qui ont permis aux personnes que nous accueillons de pratiquer des activités qui leur permettaient de s’évader d’un quotidien pas toujours très gai, mais surtout d’accéder à un statut différent de celui auquel il∙elle∙s sont assignés tous les jours ». En ce sens, cet atelier qui n’existait pas auparavant, a montré « que la culture pouvait constituer un outil de médiation sociale très pertinent ».

> Pour télécharger mon mémoire de Diplôme Universitaire de Médiateur sur ce projet de médiation expressive : c'est ici

> Pour suivre le collectif sur Facebook, c'est sur la page Macadamm

Merci à Philippe Bertrand de l'émission "Carnets de campagne" de nous avoir donné la parole pour présenter les activités du collectif Macadamm au CADA de la Cimade à Béziers.
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